Naïel
dans la dixieme muse N°37 mars/avril: dossier genre
personnes
interviewées:
''Kael T. BLOCK
Moi
Axel Léotard''
dans un souci
de respect des copyrights de la 10eme muse je ne peux publier que mon
interview:( version non coupée)
contexte :Dans les objectifs: il devait y avoir un FTM , une
MTF, un IS et unE FTU ( à savoir moi)
dans les faits: il ya 2 FTM et unE FTU................
surfashionnisation des FT wathever...constatée de longue date en intra
milieu LG et en milieu pseudo queer.......
Comment parer à celà?
plein de questions et de constats me font actuellement gerber dans
le pseudo queer devenu un pr^tt à consommer d'images fashion...Je manque
un peu de temps pour développer.........
la dixième muse étant sous copyright, je ne peux retranscrire que ce
que j'ai écrit, qui n'a pas été coupé, juste une erreur de frappe dans
le magazine qui enlève le sens d'une phrase...par contre j'avais déliberement
fait le choix de publier une image Freaks de moi ( une image perso étant
demandée) qui ne ressemble pas à la norme FT....sur-sexualisée en ce
moment , mais bizarrement elle n'a pas été publiée.......pas assez vendeur...???
la photo que j'avais demandée est celle ci:
et
celle mise est celle ci:
"........ BIO express :
Je suis unE individuE qui par moments utilise la photographie comme
moyen d'expression et de résistance..
C'est quoi le genre
pour toi ?
Je tiens d'abord à préciser que le genre n'est pas, pour moi, la construction
sociale du sexe biologique ( le genre est un concept créé dans les années
50 aux États Unis par Stoller et Money, deux psychiatres et psychologues
travaillant sur le “transexualisme” et la reassignation des enfants
intersexuéEs.). Le genre préexiste au sexe et le produit en lui donnant
l'illusion du naturel ( tout en invisibilisant cette production). C'est
un rapport social de pouvoir qui produit et entretient le système heteronormatif
(2 genres, 2 sexes, relation hétérosexuelle avec pour but la reproduction).
Dans ce sens il fonde la société en tant qu'hétérosexuelle.( cf Wittig)
En tant que dispositif créé et au service du pouvoir biopolitique ,
il est à detruire car il maintient l'oppression d'une categorie sur
une autre, exerce un controle permanent des individuEs via une grille
de lecture normative qui définit ce qui est “humain” de ce qui ne l'est
pas. Il exclut donc du domaine du “pensable” toute personne ne pouvant
être identifiée clairement par cette grille. Dans ce sens , le féminisme
a pour objectif final la destruction du genre; ce qui ne veut pas dire
qu'il faut ignorer ou nier la réalité des catégories sociales de genre
et leur relations. Le genre (en tant que dispositif de régulation au
service du pouvoir) au même titre que le sexe n'a pas de caractère naturel
, rien ne préexiste à sa production. L'injonction au genre (l'obligation
à se définir de manière genrée) qui précède l'assignation (mâle ou femelle
par le système) , a pour unique réponse le genre binaire et la résistance
au genre ( en tant que système) ne peut donc se faire qu'à l'intérieur
de celui-ci par des productions multiples, toujours changeantes ( non
fixes),de “genres” qui viennent mettre à mal les deux genres binaires
et en montrent leur caractère construit politiquement et donc arbitraire
et contestable. Il me semble important dans cette subversion de ne pas
ériger via ces “productions” de “genres” “degenréEs”, de nouvelles normes,
de nouvelles injonctions....à une nouvelle norme identitaire “queer”
ou “freaks”.
C'est quoi ton genre
?
Avec un certain sourire je dirais “bad”,en référence à une certaine
irrévérence à “l'ordre des genres”. Sinon no gender, je suis juste unE
individuE.
Dans ta transition
est ce qu'il y a eu un moment important ? quel est ton meilleur souvenir
? et le pire ?
Cela va être très court: au sens usuel du terme je n'ai pas transitionné.
Je ne vais pas d'un point à un autre ni d'un genre à un autre.
Il y a juste un fait: j'ai été assignéE femelle à la naissance et depuis
je suis et serai toujours en “transition” vers moi...un moi qui n'a
pas de nom dans cette société.
Beaucoup de personnes pensent, depuis que j'ai effectué une modification
corporelle ( “torsoplastie”), que je suis FTM... Ce qui n'est pas le
cas, mais il est intéressant de noter que certaines modifs corporelles,
qui touchent des zones du corps qui ont été etiquettées feminines ou
masculines, et donc par extension qui definissent le genre de la personne,
soient tout de suite lues à travers une grille heteronormative binaire,
qu'on se situe dans un “milieu” informé ou non.
Beaucoup de personne mélange sexe biologique, genre et orientation sexuelle
qu’est ce que tu as envie de leur dire ?J
Je dirai juste, parce que j'ai déjà développé la question sur le genre
plus haut, que ce sont 3 concepts distincts mais qui font partie d'un
système et qu'on ne peut donc les analyser séparément. J'ajouterai que
ces trois concepts n'ont de sens que dans une logique de société hétérosexuelle.
Qu'est ce que tu aimerais
comme changement dans la société ?
J'aimerai que chaque individuE soit respectéE en tant qu'individuE et
ne soit plus abordéE en premier et dernier lieu, par son genre, sa race,
sa classe.....
ce qui inclue que toutEs bénéficient des mêmes droits et devoirs.
Et une pensée utopique que les luttes convergent, et qu'elles ne restent
pas fragmentées, divisées et donc inefficaces et excluantes....
En gros que l'acquisition de droits pour certainEs ne se fassent pas
en piétinant d'autres personnes... Moins de contrôle extérieur,...que
chacunE puisse être libre de disposer de sa propre personne sans que
l'état intervienne..
Une solidarité effective , la sortie du capitalisme pour une gestion
plus collective de nous même ...
Comment définis tu
ta démarche en temps que photographe ? Qu'est ce qui t'inspire ?
Je vais faire assez simple , la photographie est pour moi un outil privilégié
au service de ce que je souhaite exprimer.
Je fonctionne essentiellement par projets et non par images chocs.
J'essaye dans ma démarche et notamment pour “fucking genders” de ne
pas “assigner” les personnes à une image fixe et non voulue de leur
part. J'essaye de pas tomber dans le piège d'« un discours sur »et de
laisser la place « à un discours de » ( chaque personne a pu se mettre
en scène, s’autodéfinir sur un schéma , ainsi qu’expliquer comment ellE
se positionnait à un moment donné par rapport au binaire, au genre)….Même
si cela passe par le filtre de mon regard...
je n'ai pas une démarche particulièrement esthétique : l'émotion que
mes images peuvent créer prime sur la “ beauté” , le côté “joli”...
J'ai une une préférence pour le noir et blanc , je ne separe pas la
photo dite “traditionnelle” argentique des autres modes de production
d'images, ni ne les hierarchise.
Ce qui me touche emotionnellement m'inspire, cela peut etre un paysage
un visage, une injustice....
j'aime aussi les errances dans des “no humans'Land” en compagnie de
mon appareil.
As tu une actualité
pour les mois à venir ?
-
La
vidéo « destroy Genders or fucking Genders : pour une societe non
binaire »sera projetée au festival XXYZ 5 qui se déroulera du lundi
23 février au samedi 28 février, 2009, à Toulouse/France.
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l'exposition
devrait partir en Belgique au mois de septembre dans le cadre d'un
festival organisé par GenrEs au pluriel
-
Je
travaille actuellement à essayer de la faire traduire en anglais,
allemand et espagnol.
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j'ai
plusieurs projets en tête, mélangeant photographie, vidéos,sons, arts
plastiques divers:
-
«
Réfractaires au genre »
-
un
projet plus global sur l'antipsychiatrie, l'enfermement et le contrôle
sur nos personnes
Si tu dois conseiller un livre quel serait’il
? Un film ?
Dans les derniers qui m'ont marqués:
« l'ordre des mots » de C.et M. ARRA,
Shortbus,
XXY...
Sinon j'adore P.ALMODOVAR, D.Cronenberg, D.llYNch, Ozon, W. Wenders...
Pour les livres:
« trouble dans le genre « de J.Butler,
et quelques auteurEs qui m' apportent enormement :
"l'insoutenable légèreté de l'être" M.KUNDERA;
CAMUS, wittig,K.BORNSTEIN, L.FEINBERG, Baudelaire, Rimbaud,V.Despentes,
K.Pancol, G.LETOUZE" dis moi quelque chose", N.Brehal"les corps celestes,
L.Extebarria "Amour Prozac et autres curiosités V.DESPENTES,
ISAAC ASIMOV et ses histoires de robots, Theresa De lauretis,, Preciado,
« Le manifeste cyborg : la science , la technologie et le féminisme-socialiste
vers la fin du XXème siecle « par Donna Haraway DORLIN,
Quelle question aurait
tu aimée que je te pose ? Qu'aurais tu répondu ?
Je n'ai plus assez de place, (sourires); je suis unE grandE bavardE.
*le E est une marque de “dégenration”,
la langue française étant énormément genrée.
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